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Les protéines sont responsables de tous les processus moléculaires essentiels à la vie sur Terre. L’objectif principal de Professeur Sarel Fleishman et de son équipe à l’Institut Weizmann des Sciences est de comprendre les principes de conception qui permettent aux protéines de fonctionner de manière exquise, par exemple pour neutraliser les virus ou décomposer les composés toxiques. Né en Israël le Professeur Sarel Fleishman a effectué un parcours universitaire d’excellence, après avoir complété le programme interdiscplinaire Adi Lautman pour des étudiants exceptionnels à l’Université de Tel-Aviv ainsi que le programme « recherche en sciences de la vie », Il a obtenu un MSc summa cum laude en 2002 et un doctorat avec distinction en 2006. En 2007 il fait un PostDoc à l’Université de l’État de Washington à Seattle avant de rejoindre l’Institut Weizmann des Sciences en 2011.
En travaillant à l’interface de la biologie moléculaire, de la biophysique et de la biochimie, le travail de Prof. Fleishman combine le développement de méthodes informatiques et le travail en laboratoire.
Le projet Résistance aux antibiotiques est un projet « flagship » de Pasteur-Weizmann, pourriez-nous expliquer la pertinence du sujet ?
L’un des problèmes de santé publique les plus graves du XXIe siècle est la résistance bactérienne aux antibiotiques. En raison de l’utilisation excessive d’antibiotiques en médecine et dans l’élevage, les bactéries qui présentent une résistance à un large éventail d’antibiotiques sont de plus en plus fréquentes dans les hôpitaux du monde entier. Des maladies qui étaient considérées comme tout à fait traitables depuis le développement des antibiotiques, telles que les infections pulmonaires, sont désormais à l’origine de maladies potentiellement mortelles. Trouver de nouvelles solutions antibiotiques nécessite une compréhension approfondie du métabolisme bactérien et de la communication au sein des colonies bactériennes. Grâce à cette compréhension, de nouvelles options de traitements s’ouvriront.
Dans votre rôle à Pasteur-Weizmann, vous êtes le coordinateur entre les équipes de recherche à Rehovot et à Paris. Comment se sont passées ces dernières années, tout à fait extraordinaires, dans l’ombre de l’épidémie mondiale ?
Les difficultés étaient grandes, cela ne fait aucun doute. Il y a eu des projets qui ont été reportés de plusieurs mois à cause de problèmes de fermeture des animaleries et aussi bien sûr il y avait une vraie difficulté pour se rendre aux laboratoires. L’une des choses les plus intéressantes pour moi à propos de la collaboration de Pasteur Weizmann sont les ateliers que nous organisons une fois par an et les visites mutuelles, et nous ne pouvions tout simplement pas le faire. Les ateliers sont à mes yeux un excellent moyen pour les deux parties de révéler leurs capacités et de susciter de nouvelles collaborations, ce qui est en fait l’objectif principal. J’espère vraiment que nous pourrons nous revoir bientôt. En même temps je dois dire que comme d’habitude le travail avec l’équipe de Pasteur, et c’est une équipe relativement nouvelle, est vraiment excellente, toujours en parfaite harmonie avec un désir constant de réussir et de s’améliorer. Je suis très heureux qu’il existe chez eux une compréhension profonde de l’importance de cette collaboration, et de sa dimension historique avec le personnage de Simone Veil qui résonne jusqu’à nos jours.
Au cours de cette dernière année, vous avez, avec vos partenaires de recherche du Département des sciences biomoléculaires à l’Institut Weizmann, exploité une plate-forme de recherche unique que vous avez développée, pour lutter contre le Coronavirus. Pouvez-vous nous parler un peu du processus ?
Le laboratoire Fleishman développe des algorithmes informatiques pour optimiser les protéines utiles à la santé humaine ou à l’industrie. Pendant la pandémie, le laboratoire a collaboré avec d’autres chercheurs pour optimiser un composant de la protéine Spike du coronavirus en vue de son utilisation comme vaccin potentiel ; ils ont également optimisé le récepteur humain en vue de son utilisation comme inhibiteur viral puissant. Récemment, des chercheurs de l’Université du Texas à Austin ont utilisé la boîte à outils informatique du laboratoire pour générer un candidat vaccin contre le MERS, un coronavirus qui, comme le SRAS, infecte les humains avec des taux de mortalité élevés et pour lequel aucun vaccin n’est encore connu.
Pasteur-Weizmann fêtera ses 50 ans en 2024. Quels sont vos espoirs pour l’avenir de cette collaboration ?
Tout d’abord, j’aimerais revenir à un état normal de coopération, je veux vraiment que le Covid-19 soit derrière nous et que l’on puisse se retrouver dans le cadre de nos collaborations et organiser des ateliers. J’aimerais organiser des workshops d’immunologie, c’est un vrai point fort dans les deux instituts.
L’un des avantages de Pasteur-Weizmann est que les scientifiques eux-mêmes initient les collaborations. Comment cela se passe ? Nous lançons un appel à candidatures, puis nous examinons les propositions, et enfin nous retenons les meilleurs programmes. Chaque année, de nouveaux scientifiques, de nouvelles équipes, de nouvelles recherches sont lancées, depuis bientôt 50 ans. C’est très stimulant de suivre cette collaboration réussie entre deux instituts de renommée mondiale, chacun avec ses spécialités, et depuis tant d’années, c’est génial !